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B) Les coûts des jeux olympiques pour les pays organisateurs

L’argent est devenu un point essentiel dans l’organisation des Jeux Olympiques. Certains ont crié au scandale: le sport est un plaisir et non un business! Cependant, la grandeur des Jeux Olympiques, qu’on le veuille ou non, n’est possible qu’avec un soutien financier des plus performant. Ainsi depuis les années 1980, le budget lié à l'organisation des Jeux est passé de moins de 5milliards de dollars (Jeux de Moscou),à plus de 40milliards de dollars pour les jeux de Pékin en 2008.

 

Dans l'enveloppe budgétaire consacrée aux Jeux Olympiques, on retrouve plusieurs catégories de dépenses:

Tout d'abord le budget lié à son organisation: L'organisation des quinze jours de compétition est financée par des fonds privés issus des recettes des droits TV, du sponsoring, du merchandising et de la billetterie (485 millions d'euros environ pour les Jeux de Londres). Certains sponsors participent en fournissant des prestations en nature. Ils se chargent du bon déroulement des épreuves, des installations temporaires. Ce budget englobe également la prise en charge des athlètes dans le village olympique et sur le site, il faut prévoir leurs nombreux repas, et tous les autres services dont ils auront besoin, qui se doivent d'être de la meilleure qualité qu'il soit.

  

Maquette du site olympique des jeux de Londres en 2012

Ensuite le budget indispensable au déroulement des Jeux, il faut ici financer les infrastructures principales et sportives comme le stade, le village olympique, le vélodrome, la piscine, le centre de presse etc qui forment un héritage durable pour la ville organisatrice: ces infrastructures seront réutilisées pour des usages différents, leur bon fonctionnement est donc non négligeable. Les pays définissent à l’avance un portefeuille pour l’aménagement des infrastructures, cependant leurs prédictions sous-estiment parfois l’ampleur du financement à fournir. Londres, organisateurs des Jeux Olympiques de 2012,avait déboursé 1,2 milliards d'euro pour le stade olympique et 675 millions d'euro pour le village olympique.

Police grecque calmant les manifestants devant le comité olympique grec

On peut y ajouter le budget investi dans la sécurité, souvent responsable de l'envolée globale des coûts car il est difficile de prévoir à quelle intensité elle sera utilisée. La sécurité des JO relève exclusivement de la compétence des autorités hôtes. Le dérapage des coûts se confirme à Athènes en 2004. A proximité des Balkans et du Moyen-Orient, la Grèce est une zone potentiellement à risque, d’autant que le déclenchement de la guerre en Irak était imminent. 70 000 militaires mobilisés, 1000 caméras installées pour surveiller la ville, des lanceurs de missiles…. Le budget sécurité atteint 1,5 milliards de dollars, un record qui n’empêche pas un attentat contre le ministère grec de la Culture, le 21 juillet 2004.

Le budget d'investissement accompagnant les Jeux Olympiques prend en compte les infrastructures utiles pour améliorer et sécuriser l'organisation. On y retrouve les aménagements du territoire et des transports précédemment vu dans les enjeux économiques. On peut citer Barcelone en 1992 et la création d’un anneau périphérique en partie souterrain permettant de relier les sites olympiques, le réaménagement du réseau ferroviaire et des gares, la réorganisation de l’aéroport avec de nouveaux terminaux et une liaison par train à la ville transforment les modes de communication. Ces travaux sont complétés par la construction de la tour de télécommunications de Collserolo, qui s’élève à 268 mètres. Au final, le coût total des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 s’est élevé à 4,5 milliards d’euros, dont un tiers consacré aux aménagements et infrastructures. Il faut aussi empêcher au maximum les congestions et embouteillages dans les transports pendant l'évènement.

 

 

L'organisation d'un tel événement implique aussi de lourds investissements dans l'environnement. A chaque olympiade revient le discours pseudo-écologique entretenant la fausse conscience et l’illusion olympique. Voitures électriques, matières naturelles et autres gadgets écologiques masquent l’anéantissement durable de l’environnement provoqué par la tenue des J.O.

En effet, pour ses jeux olympiques, la Chine avait investi un gros budget dans l'environnement (environ 7,18 milliards d'euros) et avait réussi l'exploit de contrôler ses niveaux de pollution en cessant pratiquement toute activité dans la capitale quelques temps avant les Jeux. .

Etat de la pollution dans la ville de Pékin, à droite avant les jeux et à gauche avant et après les jeux

Même si elles paraissent moins évidente que les autres dépenses, les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux Olympiques ont également un coût. Destinées à témoigner de l'histoire et de la puissance du pays, elles prennent une place de plus en plus importante. Bien que ce soit en majorité des bénévoles qui se chargent de l'organiser et qu'ils ne perçoivent aucun salaire, leur présence pèse sur le budget. Lors des Jeux de Sydney en 2000, la facture avoisinait 600 euros pour chacun d’entre eux, somme qui a été dépensée en formation, uniformes, repas et transport. Il faut également recruter des milliers de professionnels (chanteurs, musiciens, techniciens de tous corps de métiers). A cela s'ajoutent le coût de la fabrication des costumes, l'achat des feux d’artifice, des dispositifs d’ingénierie comme l’éclairage ou la sonorisation, la fabrication du décor... autant de dépenses sans lesquelles la cérémonie ferait pâle figure. Au fil des années, les sommes dépensées se sont envolées. A la troisième place du classement des cérémonies les plus coûteuses on retrouve Londres, Athènes en deuxième place. Il faut compter environ 82 millions d’euros investis dans les deux cérémonies pour la Chine, sur la première marche du podium. Le spectacle a mobilisé 15 000 participants, vêtus de somptueux costumes d’inspiration traditionnelle, le tout ponctué d’interludes pyrotechniques qui ont nécessité des centaines de milliers de fusées afin de plaire a plus de deux milliards de personnes les yeux rivés sur leur poste de télévision.

De plus dans certains pays, une somme d'argent est mise à disposition des athlètes. La Chine a notamment dépensé 200 millions de dollars pour l'entrainement de ses athlètes sélectionnés aux Jeux Olympiques. Il faut aussi compter, pour le comité national olympique, la somme versée a chaque athlète médaillé, variant de 0 à 800 000 euros selon les pays. Le pays organisateur se charge également de payer la fabrication des médailles et autres récompenses, Londres, en 2012, y avait investit environ 6millions d'euros.

 

Le budget nécessaire à l'accueil de la manifestation sportive comprend la rénovation des hôtels et l'installation de mobilier urbain prêts à accueillir des milliers de visiteurs. Il faut aussi financer la formation du corps organisateur : le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Beijing avait notamment recruté 100 000 bénévoles qui ont tous suivi une formation visant à élargir leurs connaissances et accroître leur compétence. Beijing avait ainsi offert des bénévoles de haute qualité, dont les services de qualité, qui aidèrent à garantir le bon déroulement de toutes les activités autour des Jeux, et avaient fait forte impression sur les invités.

 

Il ne faut pas oublier les dépenses qui se font après les Jeux, dont on entend beaucoup moins parler. En effet il faut maintenir et entretenir toutes les infrastructures, ou bien les reconvertir, ce qui fait gonfler le budget, de 380 millions d'euros pour la reconversion du site olympique de Londres par exemple. Ensuite, on peut comparer à des coûts la perte de bénéfices du à l'annulation des évènements qui étaient censés se dérouler pendant la période des Jeux.

 

Toutes ces dépenses ne sont pas toujours rentables, et elles sont de plus en plus spectaculaires, ce qui nous en fait oublier la première volonté de Coubertin qui était de rétablir les vrais valeurs du sport et de la société. En 2003, le CIO a adopté 117 mesures afin de raisonner les velléités financières et architecturales des pays organisateurs. Ces mesures permettent au Comité de limiter le nombre d’athlètes et de sports en compétition, ce qui réduit les coûts d'organisation. De plus, les futurs Jeux se dérouleront à Rio de Janeiro au Brésil, dans un pays théoriquement incapable de dépenser autant, afin de restaurer l'humanité des Jeux Olympiques.

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